La petite barque, 1895
La petite barque
Huile sur panneau, signé et daté en bas à droite 1895
49, 5 x 61 cm
Nancy, Musée des Beaux-Arts (inv. 1462)
La petite barque fait partie de la série des tableaux peints par Friant sur le thème des jeunes couples, qui compte entre autres deux de ses plus célèbres œuvres, Idylle sur la passerelle (1888, Nancy, musée des Beaux-Arts) et Ombres portées (1891, Paris, musée d’Orsay). Le tableau, exposé à de nombreuses reprises, appartint successivement à l’acteur Coquelin aîné puis à Louis Corbin, avant d’être offert au musée par la société « Claude Lorrain » des amis du musée des Beaux-Arts de Nancy en 1937.
Friant s’intéressait peu à l’anecdote, il privilégiait l’émotion, les sentiments et l’intériorité. Cet aspect de son art, si manifeste dans La petite barque, trouve un écho dans la page très poétique que le tableau a inspiré à Benoît Martin (adjoint au conservateur en chef du Palais des Papes, Avignon, et adhérent à l’A.E.F).
« Fermer les yeux, sentir la brise, entendre le clapotis de l’eau contre la barque et se laisser bercer par le ressac, isolés, protégés.
Et puis lâcher prise, loin des lumières inédites du Maroc, de Tunisie ou d’Espagne, pour faire revivre ce moment délicat d’un après-midi de printemps qui dure l’éternité.
Les amoureux s’abandonnent à la quiétude féconde. Elle mène l’embarcation, lui s’en remet à sa bienaimée, guidés par la confiance des sentiments partagés et portés par les voiles gonflées au grès des vents mêlés.
Faire revivre ce moment, infiniment, le vêtir d’un blanc immaculé pour symboliser l’universel d’un amour caché des tourments de cette fin du XIXe siècle.
Temps suspendu, surpris par le regard du peintre.
Fixer sur ce bois, à l’huile et aux pinceaux, la beauté de la nature, magnifier les détails, ne garder qu’un juste instantané, au plus près du réel, pour donner à ressentir la tendresse. Et enfin se résoudre à laisser s’échapper le tableau et à être dévoré dans un an, par les regards du Salon.
1895 aura été nourri de reconnaissance et d’amitiés, avec une nouvelle fois comme immuable tentation, de rendre familier en toute chose l’humble vérité de la beauté. »
Benoît Martin
Adjoint au Conservateur en Chef du Palais des Papes Avignon